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Protection biologique intégrée en extérieur : procéder par étapes

Réussir l'engagement de son entreprise en protection biologique intégrée (PBI) implique de favoriser au maximum les insectes auxiliaires spontanés. Exemple de la marche à suivre avec le pépiniériste Arnaud Crosnier.

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Installé à Nazelles-Négron, en Indre-et-Loire, Arnaud Crosnier produit des arbres fruitiers (conteneurs et racines nues), ainsi que des arbres et arbustes d'ornement. Il s'est engagé dans la démarche lorsque le CDHR Centre a mis en place un club de producteurs centré sur la PBI en extérieur. « Avec une quinzaine de pépiniéristes, nous nous rencontrons deux à trois fois par an pour des formations ou des visites. Ces échanges sont très enrichissants », précise le pépiniériste, « référent producteur » au sein de ce club.

1 ÉTAT DES LIEUX

Un point sur les modes et les fréquences de traitements phytosanitaires classiques s'impose. Puis l'observation et l'état des lieux aux abords de la pépinière. Ici, une rivière avec une flore très développée favorise la présence d'auxiliaires locaux. Pour moitié, l'exploitation est en zone rurale, au milieu de champs de céréales et de vignes, à Saint-Ouen-les-Vignes, et pour l'autre en zone urbaine, à Nazelles-Négron. « L'environnement joue un grand rôle. On a plus ou moins de chance... »

2 AMÉNAGEMENTS SPÉCIFIQUES

La pépinière a agi progressivement Au départ par bon sens, pour améliorer qualitativement les productions et palier les limites de certains produits phytosanitaires. Ainsi, une haie bocagère avait été plantée sur 1 kilomètre, dès 2004, sur le site de Saint-Ouen-les-Vignes. L'entretien n'intervient que tous les deux ou trois ans, jamais au pied des arbres.

« Grâce à la haie, et peut-être à d'autres facteurs, les attaques de psylle du poirier ont été divisées par deux. Les traitements complémentaires se font désormais bien plus tard en saison », explique Stéphane Male, le chef de culture. Depuis 2005, des pièges à xylébores (insectes xylophages) sont disposés dans les arbres fruitiers. « Normalement, il en faut deux à trois par hectare. Nous en avons installé douze sur 1,5 hectares pour un effet curatif. Nous ne sommes jamais au seuil de déclenchement d'un traitement », poursuit-il. Les fossés sont en outre fauchés tardivement, vers le 14 juillet, afin de créer des réservoirs pour la biodiversité. Les traitements phytosanitaires classiques, autrefois deux insecticides à un mois d'intervalle à partir du 15 avril, ne démarrent plus avant fin juin. C'est désormais un appoint ; ils ne sont pas un échec. L'année 2012, pourtant très humide, n'a pas demandé plus de traitements que d'habitude, a priori grâce à une énorme population de coccinelles. Autre aménagement : le positionnement de plantes hôtes fleuries pour attirer les auxiliaires sur une culture sans fleurs. Quinze pots de potentilles ont ainsi pris place sur une surface de 500 mètres carrés de Photinia. L'achillée est testée sur pommiers en conteneurs contre les pucerons lanigères.

Actuellement, la PBI est partielle sur les 20 hectares de pépinière de pleine terre, et quasiment globale sur les 5 hectares de hors sol. Arnaud Crosnier envisage différentes options pour développer davantage encore les populations d'insectes locaux, comme réaliser une lagune avec une flore particulière ou effectuer des lâchers comme en PBI sous abri.

3 PARTAGE DE L'INFORMATION

Stéphane Male participe au Bulletin régional de santé du végétal (BSV). Il a désormais intégré à son planning l'observation, chaque semaine pendant une heure, d'une parcelle de Photinia et d'une autre de Malus. Ses constatations et les résultats de tous les contributeurs sont synthétisés, puis diffusés en région Centre. Tous les mois, une conseillère horticole l'accompagne.

4 LE PROBLÈME DE LA VALORISATION

Après deux ans d'un travail assidu et suivi, les pratiques et méthodes se sont adaptées. La satisfaction technique est là, la motivation des seize salariés aussi. Reste pour Arnaud Crosnier le problème de la valorisation de ces efforts. « Nous n'avons pas poursuivi dans la démarche MPS parce que celle-ci est mal valorisée économiquement sur nos produits. Nous nous inscrivons aujourd'hui davantage dans la démarche Plante Bleue (premier niveau). La PBI est possible en extérieur ! Elle est socialement valorisante. Le regard des consommateurs change et notre métier retrouve une meilleure image, mais cette PBI est encore insuffisamment prise en compte par nos clients. Les trois premières années sont un investissement pour l'avenir. Nous devons trouver un moyen pour qu'elle devienne rentable. Peut-être en nous spécialisant dans la culture de plantes hôtes ? »

Aude Richard

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